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Une rivière, ancien fleuve... |
Au début de l'aire quaternaire, la Durance était un fleuve qui franchissait les Alpilles au seuil de Lamanon pour aller se jeter en Méditerranée au niveau de l'Etang de Berre actuel, en formant un delta qui a donné la plaine de La Crau. Les accidents tectoniques ont détourné la Durance pour l'amener vers le Rhône... C'est ainsi que le fleuve devint rivière. |
Dès l’occupation romaine, de nombreux ouvrages hydrauliques furent réalisés avec pour fonction essentielle de conduire l’eau dans les villes. |
La croissance de la population aux XIIe et XIIIe siècles obligea à rechercher des ressources nouvelles en eau. L’idée d’utiliser les eaux du bassin de la Durance se développa très tôt et l’on se mit à construire des canaux. Mais le développement de l’irrigation à grande échelle ne prit véritablement son essor qu’au milieu du XVIe avec Adam de Craponne qui entreprit le creusement d’un réseau de canaux pour amener l’eau de la Durance à Arles, Salon et dans la plaine de la Crau, au passage l’eau de ces canaux faisait tourner de nombreux moulins. Son ouvrage, inachevé à sa mort prématurée, fut mené à son terme et la société Œuvre Générale de Craponne fonctionne encore au XXIe siècle. |
Aux XVIIIe et XIXe siècles les canaux alimentés par la Durance se multiplièrent, dont le Canal de Marseille qui prenait l’eau à la hauteur du Pont de Pertuis, tandis que le Canal de Craponne avait sa prise située plus bas, à la Roque d’Anthéron, altitude suffisante pour franchir le seuil de Lamanon. |
Aujourd’hui, tous les canaux de Moyenne et Basse Durance sont raccordés au canal industriel d’EDF, ce qui leur assure une alimentation pérenne. C’est ainsi que le Canal de Craponne ne débute plus qu’à Lamanon, et les 7,5m de dénivellation avec la prise d’eau sur le canal EDF ont permis l’installation d’une petite centrale hydroélectrique équipée de deux groupes de 1,2 MW avec turbine Kaplan. |
Le régime fluvial de la Durance est marqué par des étiages sévères séparés par des crues violentes et dévastatrices, dans un rapport de 1 à 150. Dès le milieu du XIXe siècle, on envisageait la construction de barrages régulateurs sur la Durance, cette nécessité ne se concrétisera qu’un siècle pus tard. On vient de le dire, la rareté de l’eau en Provence n’est pas un phénomène contemporain, conséquence d’un possible changement climatique et d’une consommation qui n’a cessé de croître, c’est une préoccupation constante depuis, au moins, le début de la période historique. Par ailleurs, les crues dévastatrices ne sont pas du seul fait de la Durance. |
En Haute Durance, ces problèmes ne présentent pas la même acuité et les caractéristiques géographiques offraient un terrain favorable à la production d’énergie électrique dès la fin du XIXe siècle, avec l’apparition des premières machines industrielles. Des pionniers se lancèrent dans la construction de centrales en utilisant les hauteurs de chute offertes et des débits de torrents disponibles toute l’année. |
Ces premières usines répondaient à des besoins spécifiques :
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En 1900, naissait à Paris une nouvelle société : Energie Electrique du Littoral Méditerranéen, avec pour objectif de produire, transporter et distribuer l’énergie électrique dans le sud-est de la France. Son implantation débuta par le rachat d’usines et de concessions existantes et, simultanément, l’EELM engagea, en Moyenne Durance, la construction de nouvelles centrales et d’un réseau de transport. |
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Tous ces aménagements intégraient également une fonction d’irrigation. |
En 1930, l’EELM s’appuyait sur deux grands pôles de production, Sainte-Tulle à l’ouest et Lingostière-Bancairon à l’est (nous reparlerons de cette région dans un autre chapitre). Sainte-Tulle était le plus grand centre de production de la région Sud-Est, le plus important poste HT de répartition lui était associé. La construction de cette usine débutait en 1917 et la mise en service eut lieu en 1922. L’usine était double et comportait une centrale thermique et une centrale hydraulique, mais les groupes turbo-alternateurs étaient réunis dans une salle unique, une salle des machines gigantesque pour l’époque : 200m de longueur. Cinq groupes horizontaux comprenant un alternateur accouplé à deux turbines Francis composaient la partie hydraulique, pour une puissance totale de 50 000 CV . L’usine thermique comportait également cinq groupes avec une puissance totale de 112 500 CV. Cette centrale brûlait le lignite de la mine de charbon du Bois d’Asson, au nord de Manosque et utilisait l’eau de la centrale hydraulique pour ses propres besoins (production de vapeur et refroidissement des condenseurs). |
La Loi de nationalisation de 1946 |
A sa naissance Electricité de France héritait des installations de l’EELM que nous venons de décrire ci-dessus. |
Les problèmes de crues et d’étiages de la Durance restaient posés, les études se poursuivirent encore plusieurs années. La Loi du 5 janvier 1955 qui confiait à EDF la construction du barrage de Serre-Ponçon fut décisive, désormais les travaux allaient se dérouler à marche forcée pendant plus de vingt ans. En plus du barrage de Serre-Ponçon, six barrages mobiles étaient construits sur la Durance, 200 km de canaux étaient creusés, 13 nouvelles centrales construites et 3 rénovées. |
Et la rivière redevint fleuve… en 1966, avec la mise en service des centrales de Salon et de Saint-Chamas, la Durance retournait dans l’Etang de Berre. |
La construction du grand barrage permet l’alimentation d’une puissance installée de 1 865 MW pour une productibilité annuelle de 6 300 GWh, en outre 200 hm3 (millions de m3) d’eau sont réservés pour l’irrigation de 75 000 ha de manière optimale. |
Les crues sont contrôlées en grande partie, seules des crues exceptionnelles peuvent poser problème, comme ce fut le cas au mois de mai 2008, où une convergence de fortes pluies avec la fonte des neiges obligea à des lâchers d’eau importants au barrage de Serre-Ponçon. On touche ici l’aspect des différentes utilisations d’un lac de retenue, qui peuvent se trouver en concurrence. En effet si certains barrages de haute montagne peuvent se retrouver vides au Printemps, cela n’est pas envisageable pour le lac de Serre-Ponçon, son intérêt touristique a pris une grande place dans l'organisation sociale et économique de la région. |